Voyage au centre de ton imagination grâce à Nathalie Ferlut et Hans Christian Andersen

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Voyage avec moi au pays des contes. Là où les règles ne sont pas, ne sont plus, dans ce lieu fantastique où tout devient possible. Rencontre moi dans ce monde où je peux être qui je veux, où je deviens qui je suis. Et si ce pays n’existe pas pour toi, j’en créerai un assez grand pour t’y accueillir, pour y accueillir tous ceux qui se doivent d’être ce qu’ils sont.

* De la Belle Magie *

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© Nathalie Ferlut, Andersen, Les Ombres d’un Conteur, Casterman, 2016

Aujourd’hui nous vous proposons de découvrir Andersen, les Ombres d’un Conteur, un album de Nathalie Ferlut publié chez Casterman en 2016. C’est un ouvrage assez complet, 128 pages au compteur et chacune d’entre elles sont riches de narration comme d’illustrations, un très bon point pour ceux qui sont trop souvent frustrés par les albums courts qui ne font que survoler les personnages comme l’intrigue. Ici Nathalie Ferlut nous conte Andersen en ombre et en lumière. Une balade onirique lie, au fil des pages, la vie du conteur, son environnement enchanteur et ses personnages. La narration est attribuée au petit soldat de plomb (issu du conte L’Intrépide Soldat de Plomb), il réapparaît de temps à autre sur les planches, s’adressant directement au lecteur.

* De la Poussière d’Onirisme et de Poésie *

Le saviez-vous ? Hans Christian Andersen était un grand découpeur ! La preuve en image !

Ces découpages, pour certains très sombres et pour d’autres, empreints de poésie, mélangeant fantaisie, rusticité et grâce, ont fortement inspiré la dessinatrice. Un théâtre d’ombre se déploie alors autour du conteur, permettant d’exprimer ses émotions les plus profondes (son tourment, sa joie, ses peurs). Le dessin de Nathalie Ferlut est particulièrement bien pensé. Il y a un rythme. Certaines planches aux dessins très réalistes, correspondent au monde et aux personnes comme on peut les percevoir d’un point de vue objectif. D’autres planches, aux dessins plus simples, plus « enfantins », nous font entrer dans le monde d’Andersen. Un monde différent, rempli de couleur et dans lequel tous les éléments semblent en pleine harmonie avec ceux qui les entourent. Les palettes de couleurs sont travaillées et créent à chaque page tournée, une nouvelle ambiance.

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© Nathalie Ferlut, Andersen, Les Ombres d’un Conteur, Casterman, 2016

Andersen voulait que sa vie ressemble à un conte et ce désir est particulièrement bien retranscrit grâce aux nombreuses cases dans lesquelles se mêlent conte et réalité. Le conteur a, par exemple, de nombreuses discussions avec des plantes, comme avec de belles figurines. Il parle à ses personnages et se laisse bercer par la lune lors des longues soirées pleine de solitude. Son esprit foisonne constamment d’idées et de désir, une caractéristique, encore une fois, bien illustrée par la richesse des planches. Tout est plein ! Les détails débordent pour notre plus grand bonheur et la personnalité si complexe du poète s’approprie le médium au point de nous faire plonger dans ce monde merveilleux.

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* Une Pincée de Bienveillance *

Andersen était en réalité torturé par ce qu’il était, nous approfondirons cette question dans la partie suivante, mais il est important de le signaler ici. Andersen était un grand enfant, ce qui suppose de très nombreuses choses … (ah vous le sentez le suspens ? Rendez-vous à la partie « une larme d’humanité »)

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Que ce soit Nathalie Ferlut ou bien les personnages de contes, tous sont d’une bienveillance admirable face au jeune homme. Tous savent parfaitement qui il est et le comprennent. Andersen va malheureusement être confronté à un monde impitoyable, normé et arriéré. Mais toutes les douleurs qu’il ressentira, toute la peur et les questionnements prennent, sous la plume de la scénariste, des allures enfantines. Cette dernière parvient à traiter d’un sujet douloureux et profond en trouvant le juste milieu entre le pathos et la dédramatisation complète. Le lecteur se sent proche d’Andersen parce que ses maux ne sont pas clairement nommés, parce qu’il n’est d’aucune façon étiqueté. Nous nous retrouvons face à des émotions purement humaines et nous devenons alors nous aussi, le compagnon bienveillant de ce grand dégingandé.

* Une Larme d’Humanité *

En cette période où tout genre, orientation et mode de vie est soumis au plus grand débat. Ici rien n’est nommé, rien ne pose la question du pourquoi, ni du comment, tout est ce qu’il est. On ne sait pas si Andersen était homosexuel, transgenre ou/et asexuel. On sait qu’il était un grand enfant, ce qui veut ici, tout dire. Andersen aimait ceux qu’il aimait et était ce qu’il était. Ce qu’on voit dans cet album c’est qu’il ne souffrait pas de ce qu’il était mais plutôt de ce que les autres pensaient qu’il était en se basant sur un point de vue normatif. Il n’y a pas de grands mots dans cet ouvrage et c’est justement ça le point fort ! L’empathie du lecteur est poussée au maximum étant donné que Nathalie Ferlut s’adresse à l’humain, à l’enfant que nous sommes ou avons été. Il n’y a pas de confrontation, pas de propagande. Les questions restent en suspend, et cela pour deux raisons : déjà ce sont des questions que nous nous posons tous, ou que nous nous sommes tous posées, et en plus, dans le cas d’Andersen, cela ne nous concerne pas. Bien évidemment c’est important d’en parler puisque ça apporte un nouveau niveau de lecture aux contes d’Andersen, mais pour un biopic principalement axé sur la création d’un conteur, peut importe la réponse, tout est dans les questions.

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© Nathalie Ferlut

Sur ces nombreux et profonds sujets, merci à Madame Ferlut de nous laisser créer cette proximité avec Andersen. Merci aussi de s’adresser à des personnes bienveillantes, et dans le cas contraire, d’en faire des personnes bienveillantes. Un dernier merci pour nous avoir présenté Andersen et rien d’autre de ce qu’était Andersen.

* Approfondissement et Suggestion *

Pour bien rentrer dans l’ambiance de cet album fabuleux, nous vous proposons de le lire tout en écoutant la BO du film d’animation d’Henry Selick : Coraline. Ah et, parce qu’on est gentil, on vous met même la soundtrack complète juste ici !

 

 

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Hey ! C’est fini pour aujourd’hui ! Nous vous invitons à nous donner votre avis sur l’ouvrage comme sur les thèmes qui ont été soulevés dans cet article. Nous répondrons à vos commentaires avec plaisir (à condition, évidemment, qu’ils soient polis et bienveillant, déso, les autres passeront à la trappe). Sur ce, nous vous souhaitons une bien belle journée et de bonnes lectures !


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