Annihilation, petit guide du faux-espoir

Après l’intéressant Ex_Machina, Alex Garland sort son second film, Annihilation uniquement disponible chez nous via Netflix. A la vision du film, une seule question se pose: Garland est-il un génie incompris ou un escroc surfait ? Le film vient nous donner raison et aussi un peu tort…

annihilation-review

Malgré la massive publicité dans le métro parisien, Annhilation n’est pas un film Netflix. L’entreprise à l’origine des séries Stranger Things ou House of Cards n’est pas le producteur du film mais son simple distributeur. La raison ? Des producteurs trop frileux à l’idée d’une sortie, craignant un échec commercial. Du coup, le film n’est visible sur grand écran qu’en Amérique du Nord et en Chine. Le reste du monde devra se contenter de son petit écran. Un signe des temps douloureux qui prouve encore une fois la cupidité de producteur préférant une rentabilité plutôt qu’un pari artistique.

Pourtant, le deuxième film d’Alex Garland aurait bien mérité une sortie cinéma, du moins pour son flamboyant début. Son prologue, glaçant et sublime, est un des plus beaux qu’il nous ait été donné de voir. En filmant cette fantasque forêt psychédélique, que l’on sait de synthèse, Garland comprend et digère ses influences des plus anciennes (The Thing, Stalker) aux plus récentes (Premier Contact) tout en offrant à Nathalie Portman, un de ses meilleurs rôles. Bluffant visuellement, le film joue surtout (tout du moins dans sa première heure) sur le mystère, la tension venant du hors-champ et un non-dit particulièrement prenant.

Sauf que la suite se corse: comme chez Aronofsky, Shyamalan ou Proyas, le soufflet retombe bien et Annhilation se transforme en vulgaire série B. Pire en une scène de paranoïa à peine inspiré du The Thing de John Carpenter, l’intérêt que l’on portait au film vole en éclats avec des effets spéciaux déjà ringards en 1992 et un propos final grossier, masturbatoire et pseudo-symbolique (à base de métaphore new-age). On comprend mieux les projections-tests désastreuses et l’échec du film au box-office américain (25 millions de $ de recettes pour le double de budget). Ce qui est dommage car sa première heure, franchement superbe, vaut largement le détour. Mais, comme à chaque fois pour ce genre de film, l’explication en est tellement ridicule qu’elle vient gâcher le potentiel du long-métrage tout entier. Le fameux sentiment du « tout ça pour ça » n’aura jamais été aussi vrai que devant ce film. 


Laisser un commentaire